Georges Brassens 1921-1981

Grand admirateur de François Villon, Georges Brassens met en musique "la Ballade des dames du temps jadis" dans son album de 1953 "La mauvaise réputation". On trouve dans cet album des débuts par exemple "le gorille" ou "la chasse aux papillons" ou encore "il suffit de passer le pont". La très sage Héloïse fait rêver Brassens.

François Villon 1431 - 1463 ?, orphelin de père est confié  pour une raison inconnue à "son plus que père" le chanoine Guillaume de Villon. Celui-ci l'envoie étudier à Paris. En 1452 il obtient une maîtrise es arts à l'université de Paris. Sa vie agitée lui vaut de multiples condamnations pour des méfaits de droit commun. C'est le poète français le plus connu de cette période de la fin de la guerre de cent ans. Son coté anarchiste et mauvais garçon séduit Brassens.

Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?

"Songs of France"  Wild Palms music 2007
Virgin téléchargement 26/05/2008

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Le Mécréant
 

Dans la "ballade" poétique de François Villon, c'est Héloïse, "très sage", qui est à la première place. La castration d'Abélard, conséquence de leurs amours malheureuses est évoquée ensuite avec compassion.
Brassens, dans le texte de sa chanson "le mécréant", utilise joyeusement et avec humour cette même castration pour se l'approprier dans son chemin  de recherche utopique et farfelue de la foi en Dieu. Il termine, comme on pouvait s'y attendre, sur l'inutilité de de cette croyance. Il ne voit guère de différence entre celui qui croit et celui qui ne croit pas !
 

Est-il en notre temps rien de plus odieux
De plus désespérant, que de n'pas croire en Dieu ?

J'voudrais avoir la foi, la foi d'mon charbonnier
Qui est heureux comme un pape et con comme un panier

Mon voisin du dessus, un certain Blais' Pascal
M'a gentiment donné ce conseil amical

" Mettez-vous à genoux, priez et implorez
Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez "

J'me mis à débiter, les rotules à terr'
Tous les Ave Maria, tous les Pater Noster

Dans les rues, les cafés, les trains, les autobus
Tous les de profundis, tous les morpionibus

Sur ces entrefait's-là, trouvant dans les orties
Un' soutane à ma taill', je m'en suis travesti

Et, tonsuré de frais, ma guitare à la main
Vers la foi salvatric' je me mis en chemin

J'tombai sur un boisseau d'punais's de sacristie
Me prenant pour un autre, en ch?ur, elles m'ont dit

" Mon pèr', chantez-nous donc quelque refrain sacré
Quelque sainte chanson dont vous avez l'secret

Grattant avec ferveur les cordes sous mes doigts
J'entonnai "le Gorille" avec "Putain de toi"

Criant à l'imposteur, au traître, au papelard
Ell's veul'nt me fair' subir le supplic' d'Abélard

Je vais grossir les rangs des muets du sérail
Les bell's ne viendront plus se pendre à mon poitrail

Grâce à ma voix coupée j'aurai la plac' de choix
Au milieu des petits chanteurs à la croix d'bois

Attirée par le bruit, un' dam' de Charité
Leur dit : " Que faites-vous ? Malheureus's arrêtez

Y a tant d'homm's aujourd'hui qui ont un penchant pervers
A prendre obstinément Cupidon à l'envers

Tant d'hommes dépourvus de leurs virils appas
A ceux qu'en ont encor' ne les enlevons pas "

Ces arguments massue firent un' grosse impression
On me laissa partir avec des ovations

Mais, su'l'chemin du ciel, je n'ferai plus un pas
La foi viendra d'ell'-même ou ell' ne viendra pas

Je n'ai jamais tué, jamais violé non plus
Y a déjà quelque temps que je ne vole plus

Si l'Eternel existe, en fin de compte, il voit
Qu'je m'conduis guèr' plus mal que si j'avais la foi »  

Cliquez ci dessous sur YOUTUBE pour écouter la chanson
https://www.youtube.com/watch?v=KyTO-UuebJQ

Ou bien écoutons plus directement la voix de George Brassens en cliquant ici. Et attendons ....


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