TRANSLATION DE L'ÉGLISE  PAROISSIALE

SAINT-VINCENT


C'est en 1847, que se pose d'une manière cruciale, le problème de l'église paroissiale Saint-Vincent située sur "la butte du mont Pallet", à coté des ruines du Donjon. Cette église vétuste est devenue trop petite pour la commune qui maintenant compte 1 500 habitants.

Réparer la charpente et et agrandir l'église
Cette année-là, la Municipalité décide que la charpente de l'église, devenue dangereuse, sera démolie dans les plus brefs délais. Un arrêté préfectoral interdit le culte dans l'église. Tous les offices seront célébrés dans la chapelle Saint-Michel qui vient d'être reconstruite. Il est demandé à un architecte d'établir un plan et un devis pour la restauration de l'église. Le premier plan d'agrandissement de l'église présenté en 1848 est refusé parce que le coût de l'opération est trop onéreux : 30 000 F.

Une nouvelle église au centre du bourg
Au cours de la séance du 6 janvier 1850 du Conseil municipal, il est donné lecture d'une lettre du Conseil de Fabrique de la paroisse, en date du 20 décembre 1849, demandant qu'une nouvelle église soit construite au centre du bourg. Mais du contenu de cette lettre, il n'en est point débattu. Un deuxième plan pour la restauration de l'église est présenté d'un coût de 20 000 F. Il est question aussi de demander à l'évêché que la commune soit divisée en deux paroisses : Saint-Vincent et Saint-Michel. La minorité du Conseil (5 voix) considérant que l'établissement d'une nouvelle paroisse (Saint-Michel) diviserait la commune, demande que le plan présenté soit adopté et qu'on réalise les travaux avec les ressources de la Fabrique, les dons des habitants et la subvention que le département voudrait bien accorder à une commune qui désire " conserver le seul vestige qui reste du célèbre et infortuné Abélard ". Mais cette proposition est rejetée. Considérant qu'il existe à Saint-Michel, plus au centre de la commune, une église neuve, la majorité du Conseil par 6 voix contre 5 autorise seulement la réfection de la charpente de l'église Saint-Vincent, aux frais des habitants du bourg qui l'ont demandée.

Protestations
Cette décision provoque un grand remous dans la commune. Le 25 mai 1850, le Conseil municipal constate que la division entre les habitants du Pallet augmente chaque jour et rend l'administration de la commune impossible. Par crainte que la chapelle Saint-Michel soit fermée, la Municipalité rejette l'idée de la construction d'une nouvelle église au centre du bourg qui serait trop rapprochée de la chapelle pour y maintenir le culte. Elle décide que l'ancienne église soit réparée et agrandie sur un plan convenable qui puisse la rendre décente et suffisamment grande pour la population de la commune.

La commune ne participera pas aux frais de réparations et d'agrandissement de l'église : toutes ses finances sont alors employées à la réfection des chemins de la commune, et il lui est impossible d'imposer davantage ses administrés en raison des mauvaises récoltes des années dernières. Les fonds de la fabrique, les dons volontaires et les secours obtenus du gouvernement pourvoiront aux dépenses.

On revient à la restauration
Le 28 juillet 1850, un plan de restauration est adopté, mais en 1852, les travaux ne sont toujours pas commencés. Le 14 novembre de cette même année, il est demandé au Préfet l'autorisation à ce que la première catégorie des travaux dont le coût s'élève à 15 200 F soit exécutée. La fabrique est alors en mesure de faire face à cette dépense.

Les travaux commencent
Un arrêté de Monsieur le Préfet, en date du 12 mars 1853, approuve les plan et devis relatifs à l'exécution des travaux de réparation et d'agrandissement. Les travaux commencent en avril 1853.
C'est alors que les habitants du Pallet réagissent. En même temps qu'une liste de souscriptions, deux pétitions demandant que l'église soit plus rapprochée du centre du bourg circulent et sont signées par les 4/5 de la population adulte. Arrive également à la Mairie une lettre de Mgr l'évêque de Nantes exprimant le même désir.

La réparation est suspendue
Le Conseil municipal, dans sa séance du 28 mai 1853, décide dans l'intérêt de la commune, de suspendre les travaux de réparation de l'église. Il examine les requêtes qui lui sont adressées et délibère sur l'emplacement qu'il convient de choisir pour la construction de l'église. Cependant, quelques conseillers restent réticents, craignant que le rapprochement de l'église paroissiale de la chapelle Saint-Michel n'amène plus tard l'évêché à interdire le culte en cette chapelle, " interdiction qui occasionnerait dans la commune un tel trouble et mécontentement qu'il serait presque impossible à un curé d'y rester, les habitants, depuis un temps immémorial, ayant une première messe les dimanches et fêtes, et les deux tiers des habitants de la commune y faisant célébrer leurs mariages et les inhumations, vu qu'elle se trouve au centre de la commune ".

Décision en faveur du nouvel emplacement
Néanmoins, la Municipalité accepte le changement de lieu de l'église, mais s'engage à faire exécuter les travaux nécessaires à la conservation de la chapelle d'Abélard qui sert de sacristie à l'antique église Saint-Vincent et à obtenir du Conseil de l'Évêché, l'assurance que la chapelle Saint-Michel sera desservie par le clergé du Pallet, à l'avenir et à perpétuité, comme par le passé.
- Pour la construction de la nouvelle église, la commune dispose des fonds de la Fabrique, 8 000 F, subvention accordée par le Ministre des Cultes 2 000 F, montant de la souscription des habitants du Pallet 10 000 F
. Au total 20 000 F

Le 10 juillet 1853, le Conseil municipal, à la majorité de huit voix contre trois et une abstention vote la translation de l'église au centre du bourg, au lieu-dit " Le jardin Tessier ". Les architectes seront messieurs Gilée et de Maimont. Le 27 septembre 1853, le plan de l'église neuve est adopté, le coût des travaux s'élève à 19 000 F. Le 1er octobre 1854 la toiture est achevée et une messe solennelle peut être célébrée. Le clocher sera terminé pour la Toussaint 1862.

La démolition de l'ancienne église Saint-Vincent
L'ancienne église Saint-Vincent dont on veut utiliser les pierres pour la construction de la nouvelle église a été démolie à l'exception de la chapelle d'Abélard que l'on dédie à sainte Anne. Mérimée est intervenu en 1849 pour qu'on ne touche pas aux pierres du donjon.


Ainsi prit fin cette querelle de clochers qui dura près de six ans, querelle compréhensible si l'on conçoit que les habitants du vieux bourg tenaient à conserver leur antique église et que les habitants des villages relevant de l'ancienne Trêve de Saint-Michel craignaient que leur chapelle ne soit fermée au culte. On peut regretter que cette ancienne église ait été démolie, mais il nous reste heureusement un vestige, la partie la plus ancienne de l'église : la chapelle d'Abélard, appelée aussi chapelle Sainte-Anne. Mais en construisant une nouvelle église plus proche du centre de la commune, les Palletais ont manifesté ainsi leur volonté de rapprochement et d'union entre habitants du vieux bourg du Pallet et habitants des villages qui soixante ans plus tôt dépendaient de Monnières.


Dans "Le Pallet, patrie d'Abélard", Association Culturelle Pierre Abélard, collectif, 1980, p. 59


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