Les sépultures successives 
d'Héloïse et d'Abélard 

Les grandes étapes des sépultures successives au cours des siècles sont attestées par de nombreux documents. Ces étapes sont les suivantes :

 1 - En 1142 : quelques mois, d'avril à décembre, à Saint-Marcel-lès-Chalon, prieuré bénédictin de Cluny, sur les bords de la Saône, en Saône-et-Loire.
 2 - De 1142 à 1792 : 650 ans à l'abbaye du Paraclet, sur les bords de l'Ardusson, commune de Quincey, diocèse de Troyes, Aube.
3  - De 1792 à 1800 : 8 ans  à l'église de Nogent-sur-Seine, chapelle Saint-Léger, sur la rive gauche de la Seine, toujours dans l'Aube.
4 - De 1800 à 1817 : 17 ans à Paris, au couvent des Petits-Augustins, transformé en "Musée des Monuments Français" par Alexandre Lenoir, future "École des Beaux-Arts", sur les quais de la rive gauche de la Seine, dans le VIe arrondissement.
 5 - Depuis 1817 à nos jours : à Paris, au cimetière du Père-Lachaise, XXe arrondissement, dans le mausolée conçu par Alexandre Lenoir.

Saint-Marcel-lès-Chalon

21 avril 1142 Première sépulture
d'Abélard


Gravure  de Laurent Guyot sur un dessin d'Alexandre Lenoir vers 1800

Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, avait confié Pierre Abélard aux moines du prieuré clunisien de Saint-Marcel-lès-Chalon. Le climat des bords de Saône était jugé meilleur pour la santé d'Abélard que les hauteurs de Cluny. Cependant Abélard n'y reste que peu de mois. Fatigué et malade, il meurt à 63 ans. Il est alors enterré dans la chapelle de Notre-Dame qui était adossée à l'église actuelle.



On voit cette plaque dans l'église actuelle.

 

Une longue lettre de Pierre le Vénérable à Héloïse donne le récit des dernières années et de la mort d'Abélard.

Lorsqu'il fallut payer à la mort la dette de l'humanité, le mal dont il était atteint empira et le réduisit bientôt à toute extrémité. Dans quelles dispositions saintes, pieuses et catholiques il confessa d'abord sa foi, ensuite ses péchés ! Avec quel élan de coeur il reçut le viatique du suprême voyage, le gage de la vie éternelle c'est-à-dire le corps du divin rédempteur !  Avec quelle ferveur il lui recommanda son corps et son âme ici-bas et dans l'éternité ! Tous les frères tous les religieux, la communauté tout entière du couvent où repose le corps de saint Marcel martyr en furent témoins.
C'est ainsi que finit ses jours Maître Pierre; celui qui était connu et fameux dans l'univers presque entier par la qualité incomparable de son enseignement rentra à l'école de celui qui a dit :" Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur."

Première lettre de Pierre le Vénérable abbé de Cluny à Héloïse. Traduction Louis Stouff, 10/18, 1964, p. 291

Décembre 1142
 

Un enlèvement nocturne
Cependant Abélard avait souhaité, dans sa première lettre à Héloïse, que son corps, après sa mort, soit ramené au Paraclet.
 
"Il n'est pas, je pense, pour une âme contrite et désolée de ses péchés, un asile plus sûr et plus salutaire qu'un lieu spécialement consacré au Paraclet, c'est à dire au Consolateur"
.

Lettre deuxième, Abélard à Héloïse. Traduction Louis Stouff, 10/18, 1964, p. 117

Ce souhait, Héloïse n'a pas manqué de le rappeler à Pierre le Vénérable. Mais les moines de Chalon, de leur côté, ne  l'entendent pas ainsi, ils tiennent à garder les restes d'un homme aussi illustre.
L'abbé de Cluny est donc obligé, nous dit la chronique de G. Godel, d'agir la nuit  par ruse et le 16e jour des calendes de  décembre, il fait enlever "furtivement" le corps du défunt pour le conduire au monastère du Paraclet. Il  y accompagne le cortège et prêche au chapitre des religieuses.


Église Saint-Marcel
 

Le Petit Moustier
Abélard va reposer désormais devant le maître autel du "Petit Moustier", chapelle consacrée à saint Denis, à quelque distance de l'église principale du monastère. Dans une lettre de remerciement à Pierre le Vénérable, Héloïse demandera la confirmation d'un trentain de messes dites à Cluny après sa mort pour le repos de son âme ainsi que le texte sur parchemin scellé de l'absolution de Pierre Abélard. Dans sa réponse, Pierre le Vénérable lui donnera satisfaction.

Moi Pierre, abbé de Cluny, qui ai reçu Pierre Abélard comme moine de Cluny, et qui ai concédé son corps transporté en secret à Héloïse, abbesse du Paraclet, et aux religieuses de ce monastère, par l'autorité de Dieu tout-puissant et de tous les saints, je l'absous d'office de tous ses péchés.

Deuxième lettre de Pierre le Vénérable abbé de Cluny à Héloïse. Traduction Louis Stouff, 10/18, 1964, p. 297.

Le Paraclet

16 mai 1164
 

Mort d' Héloïse
Héloïse meurt au Paraclet le 16 mai 1164 comme le précise l'obituaire du monastère. Elle aurait été enterrée, selon la chronique de Tours, dans le même cercueil que Pierre qu'Abélard et la chronique fait état du miracle d'Abélard ouvrant les bras à Héloïse. Belle légende ! 

Héloïse a été enterrée, elle aussi, au Petit Moustier, dans un cercueil différent, au dessus d'Abélard.



Vue des restes de l'oratoire d'Abélard, dans l'intérieur de l'abbaye du Paraclet, peinte d'après nature par Bruandet et gravée par Picquenot.
 

2 mai 1497
 

Transfert dans la grande église à droite et à gauche de l'autel

Les abbesses se succèdent au Paraclet jusqu'à cette dix-septième abbesse, Catherine II de Courcelles 1481-1513 qui prend l'initiative, avec l'accord de l'évêque de Troyes, et en présence de nombreux témoins officiels, de transférer les ossements du fondateur et de la première abbesse de l'oratoire du Petit Moustier au choeur de la grande église dédiée à la Trinité. Les archives de l'Aube possèdent le texte du procès-verbal de cette première exhumation. La raison de ce transfert était l'humidité du lieu qui nuisait à la conservation de ces précieux restes. Le cercueil d'Héloïse fut exhumé le premier et inhumé à gauche du grand autel et celui d'Abélard à droite

Gravure du XVIIIe, abbaye du Paraclet, archives de l'Aube
Peinte par Bruandet, gravée par Picquenot, 1747.

15 mars 1621
 

Dans un charnier sous l'autel principal
Les années passent. Marie III de la Rochefoucauld 1583-1639 décide de regrouper les sépultures. Ce fut un simple changement de place sans ouverture des cercueils ni vérification des ossements.

 ... a été fait la translation des corps de maistre Pierre Abaillard et d'Héloïse lesquels ont été enlevés l'un du côté dextre, l'autre du côté senestre de la grande grille de l'église pour être transportés sous le grand autel en un charnier.

Obituaire du Paraclet, Citation Charlotte Charrier p.310

Ce charnier est très probablement le caveau qui existe toujours, voûté en berceau, grossièrement maçonné, long de 6,33 m, large de 2,40 m et haut de 1,50 m. C'est là une partie de la crypte de la grande église du Paraclet.

Caveau actuel. Photo  A. Chantreau

3 juin 1701
 

Un cénotaphe au choeur des religieuses
Catherine III de la Rochefoucauld, vingt-sixième abbesse 1675-1706 est celle qui a fait construire en 1686 le beau bâtiment abbatial dont il reste aujourd'hui le corps central. Elle prend deux initiatives concernant les sépultures d'Héloïse et d'Abélard : Elle fait d'abord construire dans le choeur des religieuses une sorte de cénotaphe à la mémoire des deux fondateurs au sommet duquel elle place la fameuse statue de la Trinité "du Dieu triple en un". Sur ce monument elle fixe ensuite une plaque de marbre noir qui retrace la vie des deux personnages et annonce qu'ils sont réunis en ce tombeau. Cette annonce est prématurée : Les cercueils restent dans le "charnier", c'est à dire le caveau
Le Paraclet en 1930, Cliché Neurdein, in Charlotte Charrier, planche 14

Pierre Abeillard, fondateur de cette abbaye vivait dans le XIIe siècle (...) il avait épousé Héloyse (sic) qui en fut la première abbesse. L'amour qui avait uni leur esprit pendant leur vie et qui se conserva pendant leur absence par des lettres les plus tendres et les plus spirituelles, a réuni leurs corps dans ce tombeau (...) Par très haute et très puissante dame Catherine de la Rochefoucauld, abbesse, le 3 juin 1701.

Plaque de marbre noir, Citation Charlotte Charrier p. 591
 

3 mars 1768
 

Inventaire des ossements
La grande-prieure Geneviève du Passage fait procéder à une vérification des restes dans le caveau. Les maîtres chirurgiens, Jean Maget et Nicolas Boudard, ouvrent les deux tombes qui sont l'une à côté de l'autre dans le caveau et attestent avoir trouvé  pour Abélard :

Différentes pièces osseuses tant du crâne que de la face, de la poitrine, du bassin de la colonne épinière que des extrémités tant supérieures qu'inférieures.
Constatation similaire pour Héloïse :
Le crâne entier, les os de la poitrine divisés en différentes parties, ceux du bassin aussi séparés, ainsi que les extrémités tant supérieures qu'inférieures.

Procès verbal, cité par Willocx Albert, Abélard Héloïse et le Paraclet, Librairie bleue, Troyes 1996, p.161

Des témoins officiels assistent à l'expertise, comme le curé de Conflans-sur-Seine,  des Pères dominicains ou le juge Hurant. Il est dressé procès-verbal avec les signatures d'usage.

6 juin 1780
 

Réunis dans le cercueil en plomb
Marie-Charlotte de Roucy, 1778-1792, vingt-neuvième et dernière abbesse du Paraclet, met à exécution le projet qu'avait eu Catherine III en 1701 : réunir les ossements dans le tombeau vide du choeur des religieuses. Peut-être faut-il aussi satisfaire les âmes sensibles de l'époque par un mémorial plus visible ?
L'abbesse fait faire un cercueil en plomb à deux compartiments : longueur 1,30 m, largeur 0.32 m, hauteur 0.24 m. L'abbé Vincent, curé de Quincey qui relate cette exhumation s'exprime ainsi dans le Mercure de France:

Je plaçai (les restes) à mesure dans un cercueil de plomb divisé en deux parties pour que les ossements qui sont très bien conservés malgré l'humidité des lieux ne fussent point confondus pêle-mêle. Le cercueil ayant été remonté et exposé pendant un quart d'heure aux yeux de madame l'abbesse qui était présente et de la communauté assemblée, on l'a scellé. Après quoi on l'a transporté en récitant les prières des défunts dans le choeur des Dames. Ensuite, à l'issue des vêpres des morts qui ont été chantées, on l'a déposé sous l'autel où est placé le monument dont nous avons déjà parlé...

Mercure de France,oct. 1780, p 138 et sq. Cité par Charlotte Charrier, p. 313

Lenoir Alexandre, (1761-1839) Vue du cénotaphe d'Héloïse et d'Abélard dans l'abbaye du Paraclet (vers 1785)

Nogent-sur-Seine

9 novembre 1792

L'église de Nogent-sur Seine
A partir du mois de juillet 1790 les tracasseries révolutionnaires commencèrent pour les religieuses du Paraclet et leur abbesse Marie-Charlotte de Roucy. Pour éviter l'expulsion l'abbesse s'adressa à l'Assemblée Nationale pour proposer de transformer l'abbaye en une sorte d'oeuvre de charité, d'hôpital pour les paysans des environs et les voyageurs. Rien n'y fit. Au mois d'octobre 1792 les religieuses durent quitter les lieux.
Les restes Héloïse et d'Abélard posaient un problème aux autorités civiles de Nogent-sur-Seine chargées d'abord de vendre le mobilier, puis de vendre l'abbaye elle-même. L'Assemblée Nationale prescrivait en effet de conserver les dépouilles des hommes célèbres qui appartenaient à la Nation. Héloïse et Abélard en étaient évidemment.

Les autorités du District décidèrent donc d'exhumer les précieux restes. Elles se rendirent au Paraclet et trouvèrent le cercueil de plomb là où Marie-Charlotte de Roucy l' avait fait mettre douze ans plus tôt. Elles le firent transporter d'abord "au lieu des séances" du Directoire de Nogent, le 18 Octobre 1792, en attendant de trouver un endroit plus décent. Le 7 novembre on procéda à un transfert dans l'église Saint-Laurent de Nogent-sur-Seine et le 9 novembre une cérémonie fut organisée pour une nouvelle inhumation solennelle et officielle dans la chapelle Saint-Léger de cette même église. Le citoyen curé Mesnard-Montelet fut prié par le procureur syndic "d'ordonner la pompe usitée en pareil cas". Mesnard s'acquitta honorablement de sa tâche, demanda aussi qu'on érige dans cette chapelle la statue trinitaire venue du Paraclet. Pour finir, une plaque de cuivre fut gravée pour relater cet événement et scellée sur le tombeau.

Le 14 novembre 1792 l'abbaye était vendue ...

13 février 1800

Alexandre Lenoir se manifeste
Né en 1761 et élève du peintre Doyen, Alexandre Lenoir a déjà manifesté de l'intérêt pour les restes d'Abélard et d'Héloïse puisque avant la destruction du monastère du Paraclet il est allé à l'abbaye et a fait un dessin du tombeau construit par Catherine III de la Rochefoucauld.
Peu connu en France de nos jours, cet homme peut être considéré comme un précurseur de l'invention des monuments historiques, même si le terme n'existe pas encore. Il a montré la voie à la création de musées.
Après avoir été nommé gardien le 6 juin 1791 d'un dépôt de statues, marbres et matières métalliques en provenance des fondations religieuses interdites, il transforme, le 26 octobre 1795, ce dépôt en musée, ce sera le Musée des Monuments Français, ouvert au public et va s'employer à rassembler le plus grand nombre possible de pièces. Chacune des salles de ce dépôt - ancien couvent des Petits-Augustins - est consacrée à un siècle du XIIIe au XVIIe siècle. Dans le jardin, qu'il nomme Élysée, il place les tombeaux et parfois aussi les dépouilles des hommes illustres comme Descartes, La Fontaine, Molière, Turenne etc. .
"Il ambitionne en vain Pascal et Racine, mais eut une éclatante revanche dans l'obtention pour son Élysée des cendres d'Héloïse et d'Abélard."
Charlotte Charrier, p. 331

Le 13 février 1800 Lenoir écrit à Lucien Bonaparte et obtient l'autorisation de transporter à Paris ce qui reste du mausolée d'Héloïse en provenance du Paraclet et le cénotaphe d'Abélard en provenance de Saint-Marcel.



Portrait d'Alexandre Lenoir par Delafontaine Pierre 1774-1860
Lenoir tient l'urne de Molière

Le Musée des Monuments Français

23 avril 1800

Exhumation officielle à Nogent
Alexandre Lenoir part pour Nogent accompagné de son aide Sauvé, employé au musée des Augustins. Le 23 avril 1800 a lieu l'exhumation à la chapelle Saint-Léger du cercueil en deux parties, en présence du sous-préfet de Nogent et de nombreux fonctionnaires. C'est à la sous-préfecture où a été conduit le cercueil que se font les constations officielles qui font l'objet d'un procès verbal :

Il a été reconnu que cette caisse a été divisée en deux parties par une lame de plomb et que l'une des parties contenait les restes d'Abailard consistant en divers ossements parmi lesquels on distinguait particulièrement des portions de fémur, de tibia, plusieurs côtes, et, entr'autres, une grande partie du crâne et la mâchoire inférieure; que l'autre partie renfermait également les restes d'Héloïse parmi lesquels on remarquait particulièrement une tête presque dans son entier, la mâchoire inférieure en deux parties, des ossements de cuisses, de jambes et de bras conservés dans leur entier, tous lesquels ossements ainsi que les épitaphes ont été remis au citoyen Alex. Lenoir susnommé qui s'en est chargé pour effectuer le transport au Musée des Monuments Français.
Charlotte Charrier, p. 337

Le retour à Paris se fait dans un cabriolet de louage. L'aventure continue, car rien n'est prêt à Paris pour recevoir ces ossements qui doivent rester provisoirement dans la caisse de bois non scellée achetée à Nogent. Le monument que Lenoir rêve d'ériger dans son Élysée n'est pour le moment qu'en l'état de projet. Les matériaux n'en sont pas encore réunis.

4 mai 1801

Le cénotaphe de Saint-Marcel
Alexandre Lenoir va maintenant s'intéresser au cénotaphe du prieuré de Saint-Marcel-lès-Chalon. Le transport sur Paris du sarcophage  va demander plusieurs mois de négociations avec un certain Boysset, médecin à Chalon-sur- Saône, qui s'en était rendu acquéreur et qui l'avait déjà déménagé dans une de ses "campagnes". Mais Boysset fait traîner les choses en longueur. Les quatre pierres emballées composant le tombeau d'Abélard arrivent enfin à Paris le 4 mai 1801. Dans ce lourd chargement, il y a le moine couché. Alexandre Lenoir commence alors à construire, dans le jardin du musée, le mausolée qu'il projette pour y déposer enfin les ossements qu'il a recueillis en avril 1800. Pourtant en septembre 1802 le monument n'est pas encore terminé

La chapelle sépulcrale de son Élysée


Il faudra à Alexandre Lenoir toutes les ressources de son imagination romantique pour bâtir ce monument à partir d'éléments aussi disparates.
Le sarcophage vient heureusement de Saint-Marcel avec le gisant masculin. Lenoir n'a pas d'Héloïse : il prendra dans sa réserve une statue de femme et fera ajouter une tête par le sculpteur Beauvallet. Il récupère de l'abbaye de Saint-Denis :"Les colonnes qui portent des ogives percées à jour en forme de trèfle". La flèche du clocher vient des Grands-Carmes de Metz. Il y aura aussi un bas-relief de l'abbaye de Royaumont et des éléments décoratifs de la chapelle de la Vierge à Saint-Germain des Prés ...
La foule des visiteurs va se presser autour de cette chapelle sépulcrale et le 27 avril 1807 - le mausolée est terminé - l'impératrice Joséphine y fera à la nuit tombée une promenade romantique aux flambeaux. Le succès était total.

Vauzelle Jean-Lubin, Jardin du cloître des Petits-Augustins. Tombeau d'Héloïse et d'Abélard. 1815

Le cimetière du Père-Lachaise

18 décembre 1816

Une expropriation
La Restauration a remplacé l'empire napoléonien. Une ordonnance royale du 18 décembre 1816 affectait les bâtiments des Petits-Augustins à l'École royale et spéciale des Beaux-Arts de Paris. Ce qui est encore aujourd'hui sa destination : mauvaise nouvelle pour le musée.
Déjà le 7 octobre 1814 la chapelle sépulcrale avait connu un premier déplacement à l'intérieur du musée pour les besoins d'une cession d'une partie du jardin au Mont-de-Piété. Mais cette fois-ci, c'était plus sérieux. C'en était fini du Musée des Monuments Français de Lenoir. Il fallait tout déménager.

16 juin 1817

Transfert au Père-Lachaise
Dès que le démontage du monument d'Abélard et d'Héloïse est assez avancé, on procède une nouvelle fois à l'exhumation des restes en présence de Lenoir. Après rédaction d'un procès-verbal, on charge les deux cercueils dans un corbillard et le cortège passe à l'église Saint-Germain-des-Près où un service funèbre très solennel  avec grand'messe est célébré. Le cortège gagne ensuite le cimetière de l'Est - qui portera plus tard le nom du Père-Lachaise - et les cercueils sont déposés provisoirement dans une salle et confiés aux gardiens,

Plaque de marbre blanc, au Père-Lachaise, réplique de celle en marbre noir du Paraclet 1701

 jusqu'à ce que que le monument qu'on construit pour recevoir les restes des dépouilles mortelles de ces deux personnages illustres soit achevé et en état de les contenir.
Procès-verbal cité par Charlotte Charrier p.594

6 novembre 1817

Inauguration solennelle du mausolée


Cinq mois passent et le monument est enfin prêt. Le même fonctionnaire municipal, le sieur Capron, qui avait présidé à l'exhumation est là pour placer les bières contenant les deux corps dans le tombeau définitif. Le même prêtre de Saint-Germain-des-Près, le sieur Barbier, est là aussi pour faire les prières "usitées pour le transport des corps et bénir le tombeau". Le même architecte des églises de la ville de Paris, le sieur Godde, est témoin des événements. Les pierres tumulaires sont enfin scellées "à chaux et à ciment"







et enfin les deux anciennes statues d'Abailard et d'Héloïse ont été rétablies sur ledit sarcophage : ce que nous avons constaté pour être authentique et notoire à perpétuité .
Procès-verbal cité par Charlotte Charrier p. 5
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