Épitaphe du maître Pierre Abélard
composée
par Pierre le Vénérable abbé de Cluny
Le Socrate de la France, le Platon sublime de l’Occident, notre Aristote, l'égal ou le maître de tous les logiciens passés et présents; le prince reconnu de la science, dans tout l'univers : génie varié, subtil, pénétrant ; vainqueur de tous les obstacles par la force de sa raison et la grâce de sa parole : tel était Abailard. Mais il a remporté sa plus grande victoire lorsque, revêtant l'habit religieux de Cluny et les moeurs monastiques, il passa, dans le camp du Christ, à la véritable philosophie; c'est là qu'il a dignement terminé sa longue carrière, le onzième jour des calendes de mai, et qu'il nous a laissé l'espérance de voir son nom figurer un jour parmi ceux des philosophes chrétiens. in Lettres d'Abailard et d'HéloÏse, Traduction de E. Oddoul, Paris, Houdaille, 1839 |