Maurice de
GANDILLAC
Né le 14 février 1906 à Koléa -Algérie -
Décès le 20 avril 2006 à Neuilly-sur-Seine. Ecole normale supérieure
de la rue d'Ulm. Philosophe, professeur d'université, historien de
la philosophie. On lui doit la première traduction française d'une
oeuvre d'Abélard, mis à part "l'historia calamitatum" et la
"Correspondance avec Héloïse".
Nous devons à Jean
JOLIVET la présentation ci-dessous de l'ouvrage de Maurice de
Gandillac.
Maurice de Gandillac, introd. trad. — Pierre
Abélard. Conférences — Dialogue d'un philosophe avec un juif
et un chrétien. Connais-toi toi-même — Éthique. Paris, Cerf,
1993, 295 pp.
(« Sagesses chrétiennes »).
"En 1945 paraissaient à Paris
(Aubier/Montaigne) des oeuvres choisies d'Abélard, textes présentés
et traduits par Maurice de Gandillac. Les pages de titre précisaient
: "Logique (1ère partie) - Éthique - Dialogue entre un
philosophe, un juif et un chrétien". C'était la première fois,
sauf erreur, que l'on traduisait en français des écrits d'Abélard
autres que l'Historia calamitatum et les lettres échangées avec
Héloïse.
Le volume qui vient de paraître ne contient plus le début de la "Logica
Ingredientïbus", mais il donne une nouvelle traduction de ce qu'on
appelait alors le "Dialogue" et "l'Éthique". Certes on les appelle
encore ainsi mais il faut préférer les titres qu'on a lus plus haut,
car ils répondent mieux aux progrès de l'érudition et de la
critique. Cela est surtout important pour le premier : Collationes,
«Conférences», est le titre sous lequel, au milieu des années 30 de
son siècle, Abélard cite cet ouvrage. On ne peut donc plus penser,
comme on l'a fait longtemps, qu'il l'avait écrit à Cluny à la fin de
sa vie, entre 1140 et 1142 donc. Tout cela est expliqué dans
l'Introduction (p. 7-9), qui traite ensuite des "Conférences" (p.
10-33) puis du "Connais-toi toi-même" (p. 33-51). À la p. 52 on
trouve la liste des éditions et des manuscrits dont la prise en
considération a parfois amené le traducteur à se séparer des
éditeurs respectifs (R. Thomas, D. Luscombe) : voir p. 106, 115,
165, 238, 274, 279. Des "repères bibliographiques "
achèvent la première partie de cette Introduction. Le reste, on l'a
dit, est consacré au contenu des deux ouvrages traduits, pour
lesquels, notamment le premier, M. de Gandillac a toujours gardé un
intérêt particulier (voir son recueil intitulé Genèses de la
modernité, Paris, 1992, en particulier le chapitre VII). Ce
sont aussi les ouvrages d'Abélard qui, aujourd'hui encore, ont le
plus à dire aux lecteurs qui n'estiment pas oiseux de réfléchir sur
le rationnel et le révélé en matière de morale et de recherche du
bonheur, aussi bien que sur les apories de l'intention et de l'acte
dans le jugement qu'on porte sur soi-même. Abélard est sur ces
points et quelques autres un maître d'autant plus rigoureux que sa
pensée est plus subtile. L'Introduction offre à ces lecteurs des
résumés raisonnes, et donc assez libres.
Mais les Conférences sont sous-titrées par le traducteur dans un
grand détail qui reparaît dans la table des matières et en fait
d'emblée percevoir la richesse ; quant au "Connais-toi", il est
divisé en chapitres par Abélard lui-même.
Dans l'ensemble de l'Introduction, signalons, outre de nombreux
renvois à d'autres oeuvres d'Abélard, les rapprochements avec des
auteurs qui ont médité comme lui sur les relations entre les
religions révélées — Raymond Lulle, Nicolas de Cues, Guillaume
Postel (à propos desquels on se reportera aussi aux Genèses), et
Juda Halevi (p. 15-20) ; la subtile sémantique de la "voluntas" chez
Abélard (p. 36-39) ; l'analyse des rapports complexes entre d'une
part la conscience et le consentement — le for interne donc — et
d'autre part les lois divines et humaines (p. 40-49). Si l'on
compare aux textes latins les deux traductions de 1945 et de 1993,
on remarquera que la seconde est plus précise, plus proche du texte,
qu'elle suit autant que possible le mouvement des phrases en se
permettant au besoin quelque inversion : c'est aussi bien un discret
effet de style auquel consonne l'omission du pas, jugé explétif,
dans la négation ne... pas. L'annotation est sobre mais efficace. On
regrettera que la bibliographie soit à glaner dans les notes. Il y a
quelques coquilles — c'est le sort ; ainsi, au dernier quart de la
p. 180 deux phrases sont maltraitées; p. 9, n. 6, il faut lire «Mews»
et non «Maes»."
Jean Jolivet.
Citer ce document / Cite this document :
Jolivet Jean. Maurice de Gandillac, introd. trad. —
Pierre Abélard. Conférences — Dialogue d'un philosophe avec un juif
et un chrétien. Connais-toi toi-même — Éthique. Paris, Cerf, 1993 ("
Sagesses chrétiennes "). In: Cahiers de civilisation médiévale,
37e année (n°148), Octobre-décembre 1994. pp. 377-378;
https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1994_num_37_148_2601_t1_0377_0000_2
Fichier pdf généré le 25/03/2019
|