Laon 1113
Abélard aborde la théologie
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Les
Sept Arts
En 1112, Abélard a dû quitter
Sainte-Geneviève
où il
enseignait le Trivium : la grammaire, la rhétorique et la
dialectique, pour un voyage au Pallet où son père et sa mère
s'apprêtaient l'un et l'autre à entrer dans un monastère. |
Laon est un centre
de pensée universitaire très important au Moyen Âge. Les arts du
trivium (études des voces, des mots) la rhétorique avec
les livres des discours des Anciens, la grammaire brandissant
ses verges au-dessus de deux enfants, la dialectique levant les
bras avec véhémence, préparent les étudiants à affronter le
quadrivium (études des res, les choses) comprenant
l'astronomie élevant à la hauteur de son visage l'astrolabe,
l'arithmétique montrant les plans de l'abaque dans les mains, la
médecine ajoutée aux sept arts, faisant une analyse avec un
urinal, la géométrie ou architecture traçant un dessin avec un
compas, et la musique frappant d'un marteau un
tintinnabulum. Au centre la sagesse ou philosophie porte dans la
main gauche les livres saints et dans la main droite le sceptre
royal. Ses pieds touchent terre mais sa tête pénètre dans les
nuages car elle voit Dieu. Dressée contre son corps une échelle
dont il faut gravir les barreaux des arts libéraux qui sont
autant d'étapes pour atteindre la sagesse dans la contemplation
céleste. D'après "la cathédrale de Laon" par Suzanne Martinet - édition art et tourisme |
Anselme de Laon
1055-1117 Anselme enseigne à Laon avec son frère Raoul de 1090 jusqu'à sa mort. Il est doyen et chancelier de Laon à partir de 1109. Archidiacre à partir de 1115. Le liber pancrisis, vers 1120, le cite parmi les trois maîtres modernes avec Yves de Chartres et Guillaume de Champeaux et lui attribue une soixantaine de sentences. Sans doute ne faut-il pas se fier trop facilement au portrait très critique qu'en fait Abélard. Anselme a mené une carrière tout à fait brillante à l'échelon du diocèse. La modestie d'Anselme, qui confine à l'effacement demeure proverbiale dans les écoles et participe de son autorité. |
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L'autorité
magistrale que les témoins médiévaux ont le plus souvent
reconnu à Anselme s'explique sans doute par la
modération à laquelle il s'est tenu. Le maître s'affirme
en tant que modeste continuateur des Pères. Que ce soit
comme glossateur ou créateur de sentences, Anselme de
Laon apparaît comme un expert es autorités et orchestre
leur polyphonie en harmonisant les contraires; Derrière
un programme en apparence limité, organiser les extraits
autour du texte biblique ou les concilier dans de
courtes sentences, Anselme confère à la parole
magistrale une autorité certaine.
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En savoir plus : La révolte communale de Laon |
Le
récit d'Abélard J'allai donc entendre ce vénérable vieillard. C'était à la routine, il est vrai, plutôt qu'à l'intelligence et à la mémoire qu'il devait sa réputation. Allait on frapper à sa porte et le consulter sur une question douteuse, on en revenait avec plus de doutes. Admirable aux yeux d'un auditoire, dans une entrevue de consultation il était nul. Il avait une merveilleuse facilité de parole, mais le fond était sans valeur et manquait de sens. Lorsqu'il allumait un feu, il remplissait la maison de fumée, mais ne l'éclairait pas. C'était un arbre tout en feuilles qui, de loin, présentait un aspect imposant : de près, et quand on l'examinait avec attention, on le trouvait stérile. je m'en étais approché pour recueillir du fruit ; je reconnus que c'était le figuier maudit par le Seigneur, ou le vieux chêne auquel Lucain compare Pompée dans ces vers : "Ce n'est plus que l'ombre d'un grand nom : tel le chêne altier dans une campagne féconde." Historia calamitatum |
Abélard exégète d'Ézéchiel
On voit que la critique
d'Abélard est féroce. Il va pousser encore plus
loin son opposition au maître en s'autorisant,
défié par certains étudiants, à faire lui-même
un commentaire d'un texte de l'Écriture : une
obscure prophétie d'Ézéchiel. Comme toujours dans "l'historia calamitatum", le succès d'Abélard déclanche la jalousie de ses adversaires. Deux condisciples - que nous retrouverons au concile de Soissons en 1121, huit ans plus tard - monteront contre lui une cabale. Ce sont Albéric de Reims et Lotulfle de Lombardie. Ils dénoncent le cours clandestin d'Abélard auprès d'Anselme et celui-ci interdit sur le champ au néophyte en exégèse de continuer un cours qui fait concurrence au sien. La méthode d'Abélard était en effet nouvelle :Il ne se contentait pas de multiplier les gloses qui par elles-mêmes ne garantissaient pas une pleine intelligence du texte. Il entendait s'appuyer sur une pratique sure du raisonnement juste, car c'était du texte lui-même, interrogé avec toutes les ressources de la dialectique, que l'on pouvait extraire le sens de l'Écriture. "Au labeur de fourmi du compilateur, il substituait le libre exercice de la raison, à la patience du glosateur, la vivacité du dialecticien, à l'interminable paraphrase anselmienne, la rigueur de la démonstration et le déploiement fulgurant du sens." Jacques Verger, L'amour castré, p.25 Réduit au silence, Abélard retourne à Paris, sans doute dès 1114 ! |
Laon aujourd'hui
La
cathédrale gothique de Laon, perchée sur le
promontoire rocheux à cent mètres au-dessus de
la plaine de Picardie, n'existait pas au temps
d'Abélard. Elle ne fut commencée en 1153 par
l'évêque Gauthier de Mortagne et terminée en
1235. Mais Laon était cependant au début du XIIe
siècle une ville intellectuelle et commerciale,
active et vivante. Cette ancienne capitale des
carolingiens restera une résidence des premiers
capétiens. Louis VII y construira un palais. |