Les cercueils contenant les ossements d'Héloïse et d'Abélard ont été transférés, on s'en souvient, au cimetière du Père-Lachaise le 16 juin 1817. Cela n'a pas empêché que des fragments de ces ossements ont été dans les mains de plusieurs personnes dans ce début du XIXe siècle, comme on va le voir. A l'époque romantique, en effet, un véritable culte, quasi-religieux, s'est adressé aux amants célèbres au point qu'on a pu considérer leurs restes comme des reliques de saints. Pour comprendre cette période, Il faut suivre Charlotte Charrier, l'historienne la mieux informée sur ce sujet dans son livre édité en 1933, dont le titre est : Héloïse dans l'histoire et dans la légende. |
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Le coup d'envoi d'Alexander Pope
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In these deep
solitudes and awful cells Where heav'ly-pensive contemplation dwells And ever-musing melancoly reigns What means this tumult in a Vestal's veins ? Why rove my thoughts beyond this last retreat Why feels my heart its long-forgotten heat ? Yet, yet, I love ! ... From Abelard it came, And Eloïsa yet must kiss the name. |
Début du poème de A. Pope |
La traduction la plus
prisée du poème de Pope sera celle d'un académicien et
poète aujourd'hui bien oublié, Charles Pierre Colardeau
1732-1776. Il publie en 1758 "Lettre d'Héloïse".
C'est une adaptation assez lâche de Pope en vers
alexandrins. Malgré le ton pompeux et impersonnel de
cette poésie, sa langueur, ses circonlocutions
élégantes, ses épithètes conventionnelles, les
contemporains furent dans le ravissement. Inlassablement,
on réimprime Colardeau. |
Charles Colardeau |
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En 1761 Jean-Jacques Rousseau publie "La nouvelle
Héloïse"." |
Les conséquences d'une exhumation voulue
par la Révolution |
La grande période romantique |
Alphonse de Lamartine 1790-1869 par Decaisne |
Malgré ces réserves, rien n'y fait : un culte du couple
amoureux dans l'adversité se met en place
: une sorte de canonisation populaire. C'est peut-être chez
Alfred de Vigny qu'on peut trouver les pages les plus
fulgurantes qui aient jamais été écrites sur l'amante du XIIe
siècle. C'est le personnage Stello qui parle, mais c'est le
coeur de Vigny qui brûle de passion pour Héloïse : |
Il s'agit donc bien d'une
nouvelle sainteté : les deux amants deviennent à leur
manière des "saints sublimes de l'amour" et leurs
ossements sont des reliques. Dès que ce fut possible, d'abord au
Musée des Monuments Français, puis ensuite au mausolée du
Père-Lachaise à partir de 1817, on allait pouvoir se recueillir, rêver et
pleurer sur leur tombe et, pour certains privilégiés,
conserver amoureusement des bouts d'ossements dans un tiroir
ou un "reliquaire". |
Les dons généreux d'Alexandre Lenoir |
Les bénéficiaires des cadeaux d'Alexandre Lenoir Pendant cette période transitoire et peut-être jusqu'en 1816, Alexandre Lenoir puise dans ce trésor que sont les ossements des deux illustres personnages pour faire des cadeaux à ses amis. Charlotte Charrier, qui s'est penchée sur ces épisodes et en a fait un récit très détaillé, a eu connaissance de six cas précis.
Mais de tous ces cadeaux de Lenoir que reste-il aujourd'hui ? Les moments de ferveur sont passés et les reliques ont disparu : oubliées peut-être au fond d'un placard ou perdues définitivement. |
N° 4 -
Pour en savoir plus sur ce reliquaire : |
Les
archives de George Sand |
Restes d'Héloïse et d'Abélard recueillis dans le cercueil en 1816 par monsieur Alexandre Lenoir administrateur du musée |
Albert Lenoir fils du chevalier Alexandre Lenoir a remis cette note et son contenu à madame Honoré Lenoir qui me l'a donné. Saint Pierre, île de la Réunion Le 17 mai 1860 L. Maillard |
La note,
c'est un manuscrit au crayon qui décrit les
sépultures successives d'Héloïse et d'Abélard depuis
le Paraclet jusqu'au Père-Lachaise en suivant le
texte d'A. Lenoir dans son ouvrage "Description historique
et chronologique des monumens (sic) de sculpture
réunis au Musée des Monuments Français".
Hacquart, Paris, 1810. La note fait aussi
expressément référence à cet ouvrage. |
La famille Lenoir |
L'entourage de George Sand |
Christiane Sand |
Des restes
d'Héloïse et d'Abélard au Pallet
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Une
vitrine au "Musée du vignoble nantais" |
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A l'occasion de cette manifestation des chercheurs et des universitaires, tous spécialistes d'Héloïse ou d'Abélard, tant des français de Paris-Sorbonne IV, EHESS, des universités d'Avignon, de Tour, de Nantes, qu'aussi des étrangers, allemands, belges, anglais, australiens, ont fait parvenir des messages de félicitation et d'encouragement. |
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